Une visite (Ice Home) [PV Astreus]

Le vent...
Impétueux, volcanique presque, il soufflait sans discontinuer sur la lande.
Les végétaux, habitués à ce déchainement de fureur courbait le dos, résignés à vivre ainsi, le nez au sol.
Peu d'humains en ces plaines mais cependant, elle ne pouvait êtres qualifiées de désertiques.
Pas mal d'animaux y vivaient en effet, en particulier des rongeurs et, choses normale : leur prédateur, les rapaces.
La vie n'était pas la seule à avoir creusé son trou ici, dans cette région sans cesse assiégée par le vent : la mort aussi vivait là.
Étrange non ? Mais véridique.
Au beau milieu de la lande, là ou on s'attend le moins à le voir se dresse un grand manoir.
Pas très haut, un seul étage, et très large ; on peut le qualifier de trapu.
Ses pierres blanches lui donne un caractère certain, le bâtiment est en U ce qui permet de former une grande cour qui semble s'engoncer dans le manoir lui même.
Havre de paix; cette cour est emplie de buisson de rose. Un chemin pavé de la même pierre blanche serpente entre les buissons épineux, à la vue des hautes fenêtres de l'étage. Il y en a peu au rez de chaussée, Ice Home ayant été conçu pour être facilement défendu en cas d'attaque.
Vraiment... Ce manoir est étrange pour l'époque. Aussi beau que ténébreux malgré sa couleur blanche.
Et il fit jaser... Dès sa construction, il y a de cela quelques années, il attira les regards et activa les langues des commères. Malgré tout, il ne fascina jamais autant que ses propriétaires.
Qui étaient donc ces jeunes gens qui n'étaient pas des seigneurs mais qui se comportaient comme tel ? D'où tenaient-il leur fortune et quelle était cette aura malfaisante qui les entouraient ?
Le frère et la sœur... Cette information ne pouvait suffire aux commères qui en voulaient plus, beaucoup plus.
Hélas pour elle, Ice Home gardait ses mystères et n'ouvrait que rarement ses portes. Seul quelques privilégié y avaient leurs entrées et en général, ils n'étaient pas du genre bavard.

Pour cela, les rumeurs les plus folles courraient sur le manoir et ses habitants. On disait qu'il était hanté, on disait qu'ils étaient des fantômes. Puis on les voyaient fils et filles de roi en exil, puis espions, puis bandits en cavales, puis démons, puis... On ne savait plus quoi inventer et on en bavait de rage et d'impuissance.

Malgré cela, lorsque par miracle, ou catastrophe, on croisait ledit frère ou bien sa sœur, on ne disait rien de tout cela. On se taisait, souriant de toutes ses dents à ces gens étranges et visiblement dangereux. Puis on se signait une fois qu'ils avaient le dos tourné en les vouant aux pires damnations.

Comment pourraient-ils savoir ces pauvres moldus que ces deux là savaient tout de ces rumeurs et voir même de leurs pensées ? Comment savoir que le signe de croix les faisaient sourire et que sous ce sourire, se cachait LA vérité que chacun recherchait, une paire de canines tranchantes comme des rasoirs et une soif atroce et impossible à atteindre autrement que par le sang ?
Non, ils ne le pouvaient pas et c'était tant mieux.

Méprisant donc, c'est ainsi qu'était Bryndel pour cette nourriture sur patte qui osait se poser des questions sur leur pire prédateur. Fuyez donc ! Avait-il parfois envie d'exploser, je suis votre cauchemar !
Mais il se taisait, ignorant les regards lourds et les pensées loufoques que son esprit de legilimens captait souvent. Il avait bien d'autres choses à penser.

Et il pensait actuellement, il pensait dur même. Immobile dans la cour, depuis des heures qui pour lui n'était que des secondes il attendait. Plus pour longtemps apparemment puisque son regard incroyablement perçant pouvait à présent apercevoir la silhouette attendu.
Quelques autres, pseudo secondes et son visiteur était là. Dirigeant son cheval au pas sur le sentier, il se dirigeait vers Bryndel, passant sans crainte le seuil de la cour.

"Astreus..."

Il était une des rares personnes à avoir droit de passage sur ledit sentier et en profitait bien, le foulant aussi souvent que possible.
A une vitesse qui se voulait lente pour un vampire mais qui était tout de même la vitesse normale d'un humain, Bryndel s'approcha du cheval, le prenant par la bride. Repoussé par l'aura du vampire, l'animal fit un écart mais ne broncha pas, habitué à lui.

"Passeras tu la soirée avec moi ? Je te ferais grâce du.... repas..."

Bryndel adorait ces petits jeux d'humour noir qui le mettait dans une joie sans limite. La blague était tout sauf drôle, surtout quand on savait que ledit repas se trouvait actuellement dans les caves du manoir et que par conséquent, le vampire n'avait pas mangé, mais Astreus était un des seuls avec qui Bryndel pouvait se le permettre, alors il en profitait. Ridicule n'est-ce pas ? Non... Vampire... Juste vampire...

Ses yeux vert brillants d'une intense satisfaction, il observa son invité. Comme il était étrange ce lien développé avec un humain ! Et comme était étrange ce parfum qu'il ressentait toujours : un parfum délicieux d'humain mais mélangé à un soupçon, pour lui repoussant, vampirique.
Bryndel s'était toujours demandé ce qui se passerait si il lui prenait la fantaisie de mordre cet homme. L'effluve vampire suffirait-elle à le repousser ? Elle était si légère... Fascinant dilemme qui l'occupait à chaque fois qu'il retrouvait ce compagnon.

Néanmoins, ce n'était pas le sujet. Aussi étonnant que ça puisse paraitre, Astreus était devenu un ami et on ne mord pas un ami n'est-ce pas ? Aussi humain soit-il.
La question le passionna un moment. Que devait-faire un vampire lorsqu'il était ami avec un humain ? Le mordre pour lui offrir l'immortalité ? Le tuer pour lui apprendre à devenir l'ami de son prédateur ? Ne pas s'en faire un ami, oui, c'était son doute le plus logique.
Mais sans doute n'était-il pas logique...

Sortant de ses étranges pensées, le vampire se réinteressa à l'humain-qui-n'en-étais-pas-vraiment-un et lui offrit un sourire carnassier qui révéla ses canines :

"Entrerez vous dans ma toile ?"

Encore une mauvaise plaisanterie qui ne faisait sans doute rire que lui, mais que voulez vous ? Il n'avait pas tellement de moyens de s'amuser....



HJ : Voilou Astreus ^^ j'ai posté pour ne pas refaire de bétises lol mais ne t'inquiète pas, tu peux prendre tout ton temps pour répondre. Promis, j'essayerais de pas te harceler xD

Des regards se tournant sur son passage, alors qu'il faisait voler la poussière du sentier de terre sous les coups de sabot de son fier destrier... Des murmures dans son dos, que le vent, qui le frappait alors en traitre, lui ramenait sournoisement... Des rumeurs, encore et toujours, sur l'étrange seigneur qu'il était et qui osait ainsi se rendre dans la demeure non moins étrange de Ice Home.... Rien dont il n'ait pas déjà l'habitude en somme. C'était à chaque fois, à chaque visite, la même rengaine. Ce qui l'amusait quelque pour tout dire. Ah Ice Home. Décidément, Bryndel avait toujours su entretenir le mystère, dans tous les sens du terme, déployant tout son art pour mieux préserver leur intimité à lui et aux siens. Astreus admirerait toujours ce talent inné qui caractérisait si bien son ami de toujours. Le mystère... Oui, Bryndel était bel et bien un mystère vivant et l'entretenait savamment.

C'est sur ces pensées à la fois amusées et songeuses, qu'Astreus arriva enfin à destination, foulant enfin le sol de cette magnifique demeure qu'il apréciait toujours, tant pour son hospitalité sans faille que pour ses habitants hors paire.

- Bryndel, répondit-il à la salutation du vampire, tout en sautant souplement au bas de son cheval.

Cheval qu'il sentait un peu nerveux, comme toujours en présence du prédateur. Mais qui avait appris à maîtriser quelque peu ses instincts de survie et était resté sagement en place. Astreus ne manqua pas toutefois de flatter l'encolure de son compagnon pour l'encourager et le féliciter de cette maîtrise.

- Ce sera avec plaisir, acquiesça-t-il quand Bryndel lui proposa de suite de rester pour la soirée.

Et donc pour la nuit. Puisqu'il serait sûrement trop tard ensuite pour repartir, du moins pour repartir sans risque. certes, rester dans une demeure peuplé de vampires, parfois avides de sang frais, alors qu'il serait l'unique et le seul humain présent, pouvait paraître tout aussi dangereux. Mais Astreus savait que tant que Bryndel serait auprès de lui, tant qu'il resterait pour le veiller, il ne risquerait rien. Et il était persuadé que Bryndel ne prendrait pas le risque de le laisser seul ne serait-ce qu'un instant avec ces compères d'infortune. Quand bien même leur aurait-il déjà donner la consigne de ne pas toucher, ne serait-ce que d'un cheveu, au jeune humain.

Astreus préféra toutefois ne pas relever sur le repas. Non pas que de telles considérations le gênaient grandement. Il connaissait parfaitement la nature de son ami, et savait donc quels besoins pouvait avoir un vampire aussi puissant. Mais effectivement, ne pas assister audit repas le soulageait quelque peu aussi. Il y avait assisté quelques fois et y avait gardé un goût... âcre. Oui, voilà âcre. Comme s'il avait lui-même bu ce sang, ce nectar de vie qui s'échappait lentement, insidieusement, sous les crocs acérés du noble vampire. Donc, oui, effectivement, si l'on pouvait lui épargner ce spectacle, autant que faire ce pouvait, cela l'arrangeait grandement. Et Bryndel devait l'avoir aisément compris, vu que depuis le dernier épisode, où Astreus avait tout simplement tourné de l'oeil, il ne le faisait plus assister aux fameux repas.

C'était troublant d'ailleurs cette façon qu'avait Bryndel de tenter de pallier à tous ses besoins dès qu'ils se faisaient sentir. Longtemps Astreus s'était questionné sur ce lien étrange qui s'était noué entre eux, lien malsain selon certains, lien fantastique selon lui. Et selon Bryndel, quel était ce lien ? Le considérait-il comme un atout indéniable ? Ou comme une chaine le rattachant à un boulet ? Car humains et vampires étaient bien loin de rivaliser en puissance et facultés, malgré tout ce dont les humains aimeraient se targuer. S'ils n'étaient pas aussi peu nombreux, sans doute les vampires auraient-ils pu régner. Oui, mais voilà, prédateurs qu'ils étaient, ils ne pouvaient décemment régner sur leur bétail humain sans risquer courir à la catastrophe pour leur propre espèce, qui proliférerait et s'exterminerait elle-même. Un peu comme les humains s'exterminais entre eux d'ailleurs.... mais c'était là une tout autre considération.

Chassant donc aux loins ces réflexions métaphysiques, Astreus reporta son attention sur le vampire, qui venait d l'inviter à entrer. Entrer dans sa toile... Décidément, il n'avait pas changé d'humour. Un humour parfois troublant, mais qui avait toujours plus au jeune Prince.

- J'espère qu'elle a été solidement tissée, afin d'être la plus confortable possible. C'est que je suis du genre difficile, avant de m'installer dans les filets d'un autre.

Autant dire que pour qu'il se livre dans lesdits filets, c'est qu'il fallait qu'il ait une confiance sans faille...

Et se disant, ils empreintèrent tous deux le sentier menant à la magnifique demeure, Astreus marchant aux côtés du Seigneur du domaine, se laissant guider par lui. Et physiquement, et psychiquement d'ailleurs, ouvrant peu à peu son esprit au vampire et ses sens à ce qui l'entourait. Bryndel avait cet effet-là aussi sur lui : l'ouvrir à ce qui l'entourait. Lui d'ordinaire si renfermé, en particulier avec ses paires....

Bryndel ne répondit que par un sourire amusé à la réponse de son compère, il adorait son sens de la répartie.
Tout deux suivirent le chemin pavé, traversant la cour ensoleillée au grand déplaisir du vampire qui sentait l'astre du jour lui bruler désagréablement la peau. La fraicheur intérieure lui fit le plus grand bien et c'est d'un geste nonchalant qu'il s'effaça pour laisser entrer son invité.
Le hall d'entrée était à la mesure des ambitions de Bryndel : démesuré. Une vaste pièce complètement inutile, peu meublée mais décorée avec goût et à l'intérieur de la laquelle une forte résonance exacerbait la force de la voix. Elle était en permanence éclairée à la flamme car il y n'y avait que peu de fenêtre au rez de chaussé. A quoi bon facilité la vie d'un potentiel envahisseur ?
Rien qu'a cette pensée le vampire ne pu s'empêcher de sourire, il faudrait être fou pour s'attaquer à ce manoir et surtout à ses habitants.
Ils ne s'attardèrent pas dans cette pièce, bien trop fraiche et dénué de tout confort pour un humain. C'est dans un des salons que Bryndel entraina Astreus. Une pièce plus petite mais bien plus chaleureuse. Des somptueux fauteuils étaient installés devant un énorme feu de bois, les tapis étaient si épais qu'on avait l'impression de s'y enfoncer, quelques fenêtres ici tout de même puisqu'on était à l'étage.
En fait, Bryndel ne lui avait jamais dit mais cette pièce avait été aménagé à son seul usage, lui le seul humain à avoir droit de passage au manoir. Qu'est ce qu'un vampire pourrait bien faire d'une cheminé et surtout d'une fenêtre ? Mais le vampire savait que les humains aimaient la lumière du jour et la chaleur d'un bon feu.
Les pièces voisines étaient plus que bruyante, des éclats de voix en venait, parfois même des grondement inhumains. Arachnea avait le chic pour énerver tout le clan et provoquer des disputes impressionnantes, sans doute avait elle à nouveau provoqué une de ses soeurs.
Secouant la tête avec une lassitude flagrante et presque comique qui le faisait ressembler à un père de famille désespéré, Bryndel claqua la porte derrière eux, atténuant quelques peu les cris de la meute enragée.
Puis se tournant vers Astreus, il haussa les épaules :

"Tu sais comment ils sont... Une heure sans rien faire et ils commencent à s'entretuer. Il faudra que je trouve à les occuper avant de finir complètement fou"

Il s'installa ensuite dans un profond fauteuil, plus par habitude que par réel besoin : il pouvait rester debout immobile pendant des heures. Son regard se perdit dans la flamme, il avait choisit la place la plus éloignée du feu et ne s'en approcherait pas plus. Il haïssait cette chaleur et craignait plus que tout la douleur qu'elle pouvait infliger.
Détournant les yeux de l'élément haït, il s'intéressa à l'humain. Un long silence passa durant lequel il laissa son esprit puissant frôler le sien. Comme il connaissait cet esprit ! Il était plus proche de lui que de n'importe quel esprit : aussi proche que de celui de sa sœur ce qui était un petit exploit car il n'avait pas eu besoin de centaines d'années de côtoiement pour atteindre cet état. Trente-cinq années... Une poussière pour Bryndel.
Le silence... Encore et encore. Un silence qui n'était pas pesant mais naturel, un silence qui apaisait les esprits et les âmes. Ce n'est que lorsque le cœur de l'humain eut atteint son rythme le plus faible que le vampire parla :

"Alors ?"

Jamais complètement immobile, Bryndel tapotait l'accoudoir de son fauteuil. Son regard pénétrant était fixé sur son invité : il savait que celui-ci n'était pas venu pour le simple plaisir de le voir. Les humains avaient toujours besoin de quelque chose : conseils, leçons.... Parfois simplement une oreille attentive. Astreus savait qu'il pouvait trouver cela ici, en ce salon, comme toujours.

Astreus avait toujours apprécié les goûts quelque peu démesurés de Bryndel. Toujours ce faste à la fois sobre, simple et coûteux, aux dimensions surhumaines. Autant dire aux dimensions du vampire... Sans compter les ténèbres et la fraicheur vivifiante qui vous assaillaient dès les premiers pas. Tout semblait être fait pour impressionner un quelconque visiteur, pour le mettre à mal ou du moins mal à l'aise et donner encore plus de poids et de force au maître des lieux. Comme si Bryndel avait besoin de tous ces artifices d'ailleurs. La prestance et le charisme puissants du vampire devrait suffire amplement non ? En fait, pour tout dire, si Astrus n'avait pas tant été habitué à cette présence depuis sa plus tendre enfance, depuis le berceau même selon certains, nul doute qu'il n'aurait pu apprécier autant la présence de cet être étrange et fascinant.

Le jeune sorcier fut toutefois plus que reconnaissant à Bryndel de le conduire dans une autre pièce, bien plus agréable et confortable, bien mieux chauffée surtout. Leur pièce, avait-il tendance à dire, quand il parlait de cet endroit. Et effectivement, il avait noté qu'eux deux étaient quasiment les seuls à y entrer. A quelques exceptions près comme Nocturne ou la si chère soeur de Bryndel... Astreus appréciait assez cette pièce-ci. D'ailleurs tout avait été fait selon ses goûts. Etait-ce une pièce qui lui était exclusivement réservée ? Voire une pièce faite uniquement pour lui ? Il n'en avait aucune idée. Mais il remerciait intérieurement Bryndel de lui accorder tant de crédit au point de prendre la peine de répondre à tous ses besoins, toutes ses envies...

Dire qu'il était soulagé de se retrouver ici, dans leur antre, la porte enfin fermée sur eux deux seuls, serait un doux euphémisme. Le jeune homme n'appréciait guère le bruit qui lui donnait souvent un mal de tête de tous les diables, et entendre des vampires se disputer si rudement pour ce qui devait être encore des broutilles n'était guère rassurant. Allez savoir ce qu'ils étaient capables de faire dans de pareils moments. Heureusement Bryndel était à ses côtés et n'était pas prêt de le lâcher d'une semelle. Et c'était tant mieux.

- Un petit moldu ou deux à leur offrir en nouveau jouet ? proposa Astreus, avec une lueur presque sauvage dans ses prunelles nuit, quand Bryndel parla de trouver de quoi occuper ses compères.

Mais il n'insisterait pas outre mesure sur ce point. Il savait pertinemment bien que Bryndel n'était pas forcément aussi porté contre les moldus que lui. Inutile de déclencher une énième dispute avec lui. car oui, ils s'entendaient certes fort bien, mais cela n'excluait pas quelques éclats entre eux deux de temps à autre. Des éclats qui ne duraient peut-être pas longtemps, mais qui étaient suffisamment forts pour avoir marqué Astreus et lui donner cette volonté de tout faire pour ne pas se brouiller avec le vampire. Il tenait bien trop à Bryndel, et pas seulement par nécessité mais aussi, et surtout, par une étrange affection qui les liait. Et il n'avait aucune envie de le perdre, de quelque façon que ce soit. Cette amitié, aussi troublante soit-elle, lui tenait par trop à coeur pour qu'il la mette en danger.

Astreus se perdit alors un instant dans la contemplation des flammes, laissant son esprit voguer sur les vagues brulantes que le feu lui offrait. Le feu... son élément préféré. Et celui que Bryndel haïssait. Un autre point de discorde entre eux, tiens... même si de bien moindre mesure. Il sentit des ondes frôler son esprit et les laissa faire, pleinement conscient de ce dont il s'agissait. Ou plutôt de qui... Bryndel. Bien entendu. De n'importe qui d'autre, un tel geste aurait été considéré comme un pur affront et aurait subi son violent courroux. Mais c'était Bryndel... C'était alors tout différent...

Alors ? Alors quoi aurait-il eu envie de dire ? Qu'il détestait quand le vampire se contentait de demi-questions. Comme s'il ne pouvait pas aider le jeune homme en lui posant des questions plus... exigeantes. Oui, effectivement, il y avait un "alors"... Et un "alors" assez important pour Astreus. Mais étonnamment, même si cet "alors" était l'objet de sa visite, il n'avait pas envie d'entamer si tôt la discussion à ce sujet. Un sujet qui assombrissait déjà son humeur de façon plus que notable.

- Alors... ne pourrait-ce pas attendre un peu ? Est-il déjà temps de gâcher ce moment ? Fit-il, susurrant sombrement, soudain plus maussade.

Un moment qu'il avait envie de goûter doucement mais sûrement. Comme lorsque l'on rentre à la maison après un long voyage et que l'on retrouve la quiétude des siens. Car oui, c'était ce qu'il ressentait souvent en présence de son ami. Un retour chez lui... chez les vampires ? Etrange, n'est-ce pas ?

La proposition D'Astreus fit froncer les sourcils du vampire. Il n'aimait pas beaucoup la soudaine sauvagerie qui se lisait dans ses prunelles lorsqu'il envisageait ainsi de faire du mal à tel ou tel moldus.
Bien sur, Bryndel n'avait strictement rien à faire des personnes sans pouvoir magique. Ils ne représentait qu'une race inférieure destinée à les nourrir lui et les siens, de la simple nourriture au même titre d'ailleurs que les sorciers. Baguette ou pas, un humain restait un humain. Astreus pouvait bien tuer autant d'humain qu'il lui plairait, ce n'est pas Bryndel qui en pleurerait, pour peu que ce soit possible. Toutefois, il avait vécu assez longtemps pour savoir que la haine n'apportait jamais rien de bon et qu'elle pouvait facilement détruire un homme. L'indifférence était largement suffisante à elle seule pour vivre en ce monde, haïr quelqu'un c'était lui accorder un bien trop grand pouvoir.
Pensif, il hésita un instant à donner son avis à son ami. Il renonça en se souvenant de leurs disputes à ce sujet. Les deux compères étaient aussi têtus l'un que l'autre. Il ne rétorqua donc pas, se contentant de le transpercer d'un regard désapprobateur.
Le silence était retombé, l'homme et le vampire étaient tout aussi impassibles. Bryndel n'avait de toute façon pas besoin de lire sur le visage d'Astreus pour savoir que sa question l'agacerait. Il aimait le silence et le calme.
Ce n'était pas le cas de Bryndel qui n'aimait rien moins que l'action et qui sentait déjà l'immobilité lui peser. Ignorant l'irritation de son ami il émergea de son fauteuil afin de reprendre du début son occupation favorite. A savoir, faire les cents pas. Cette soudaine agitation n'avait pourtant pas de prise sur sa concentration et son esprit profond continuait de régner sur la pièce, enveloppant celui d'Astreus sans pour autant chercher à le lire. Il était clair que quelque chose tracassait le jeune humain mais c'était à lui de choisir d'en parler. Bryndel n'était pas un vampire des plus patients mais il ne se serait pas permit de s'approprier une information qui ne lui était pas destinée.
Son regard interrogateur effleura à nouveau celui d'Astreus, quel était le problème ? En règle général, les soucis de l'être humain étaient loin d'être grave. Presque insignifiants aux yeux du vampire qui avait connu bien pire. Il n'avait d'ailleurs aucun mal à trouver les solutions qui réglerait le problème et les intrigues qui avait paru insoluble à son ami alors qu'il était seul chez lui se réglait d'elle même en ce lieu. Cela n'empechait pas Bryndel d'accorder une importance toute particulière à ces confidences, rien n'était plus important que le bien être de son ami. Il arrêta donc un instant de tourner en rond pour plonger ses yeux verts dans les siens. Figé dans une position attentive il attendait les explications, prêt à tuer si cela s'avérait nécessaire et même à entrainer son clan en son entier dans une guerre sans merci si le besoin s'en faisait sentir. Après tout, ça les occuperaient. Ils s'ennuyaient ferme depuis qu'ils avaient fait disparaitre le dernier clan s'opposant au leur.
Pensant avec une certaine nostalgie à la guerre effroyable qui l'avait opposé à ses semblables il soupira quelque peu. Dieu que la vie était ennuyeuse parfois !
L'explication ne venant toujours pas il se décida enfin à parler. Astreus était bien gentil avec son silence mais décidément, Bryndel n'était pas du genre patient.

"Pourquoi reculer une chose qui arrivera de toute façon ? Débarrasse toi de ton fardeau avant de vouloir profiter de quoi que ce soit, à garder ainsi tes sentiments pour toi, tu finira par étouffer."

L'ironie encore, Bryndel savait mieux que personne les trésors de sentiment refoulé qui bouillaient au fond de la tête de son ami. D'ailleurs il s'était toujours demandé par quel miracle celui-ci n'avait pas encore explosé, encore un sujet d'étude passionnant...

Qu'il n'aimait pas ce regard désapprobateur. Non, vraiment, il ne l'aimait pas. Il savait bien que Bryndel n'aimait pas le voir si.. si... haineux, si enragé. Mais c'était plus fort que lui. Et pour être honnête, si ce n'est la sourde peur qui couvait en lui de perdre l'estime du vampire, rien ne changerait ce qu'il pouvait bien penser au sujet des moldus. Et sa haine encore moins. Elle était dès lors bien trop enracinée pour qu'elle daigne s'estomper sans être suffisamment assouvie. C'était ainsi. Et Bryndel ou non, rien n'y changerait. Ou si peu. Il préféra donc ignorer ce regard et fut soulagé que Bryndel s'en contente et ne l'accable pas en plus de mots sermonneurs.

Le silence, doux silence qu'il aimait tant s'installa un instant entre eux deux, Astreus le savourant à sa juste valeur, sachant pertinemment bien combien ce silence, et donc ce cadeau, devait coûter à son ami, qui était plutôt du genre hyperactif. Et qui ne tint d'ailleurs pas bien longtemps, se levant bien vite pour faire les cents pas devant lui, Astreus alors secrètement amusé. Il aurait pu parier sur le temps qu'aurait mis Bryndel à s'agiter de nouveau de la sorte, qu'il aurait encore perdu. Bryndel n'aurait pas tenu autant qu'il aurait pu le prédire. Mais, malgré l'agitation qui régnait alors devant lui, Astreus se sentait tout de même quelque peu apaisé. Sans doute de par le sentiment de protection qui l'enveloppait chaque fois qu'il était en présence du vampire. Oui, protection, assurément c'était ce que représentait le plus Bryndel à ses yeux : protection. Protection et confidence. Confiance aussi.

Si seulement Bryndel pouvait être un peu plus patient... Et tout irait bien dans le meilleur des mondes. Mais non Bryndel ne savait pas attendre. "Sans doute le poids des années était bien trop lourd à porter, et il pensait avoir bien trop attendu tous ces siècles durant pour attendre une minute de plus", ironisa Astreus mentalement. Aucunement besoin de le dire à haute voix d'ailleurs, il avait pensé suffisamment fort pour que le vampire perçoive celle-ci. Et qu'importe si cela déclenchait la colère de son ami. Pour le coup, lui aussi l'était. Il n'était pas vraiment dans son assiette ces derniers temps, et voir Bryndel le pousser si vite de la sorte lui mettait les nerfs à fleur de peau. D'autant plus qu'il était sûr, qu'une fois qu'il lui aurait fait part de ses tracasseries, nul doute que le vampire allait se moquer de lui. Tracasseries bien anodines en fait, à bien y penser, mais qui rongeaient l'esprit du sorcier depuis plusieurs semaines maintenant. Depuis qu'il l'avait vue. Et depuis qu'elle hantait ses nuits, son esprit, et son âme. Lui qui croyait l'avoir perdu, son âme !

Bon, d'accord, Bryndel n'avait peut-être pas tout à fait tort non plus. Crever l'abcès de suite, et tout régler dès à présent, lui permettrait d'avoir l'esprit plus apaisé pour profiter ensuite pleinement de son séjour chez lui... euh... chez Bryndel. Mais.... Mais oui, comme l'avait dit le vampire, il était du genre à garder ses sentiments pour lui et à se renfermer dans sa coquille. Il n'y avait bien qu'en présence de Bryndel qu'il se permettait un peu plus d'être lui-même et d'étaler ses états d'âmes. Il lâcha alors un lourd soupir résigné, avant de finalement concéder cette victoire au vampire, même si aucun mot ne lui avait encore échappé.

- Tu as raison, fit-il alors, d'une voix sourde, presque un murmure.

Il s'avachit encore un peu plus dans son fauteuil, se faisant presque aussi petit que l'enfant qu'il se sentait redevenir alors, aux côtés de l'autre homme.

- Tu vas te moquer de moi. Il s'agit...

Comment donc lui dire et avouer cela sans que l'autre ne parte dans un grand éclat de rire ? Le lui dire cash peut-être... tout simplement.

- Il s'agit d'une femme.

Et il ne dit plus rien. Comme si tout était dit et que cette simple phrase suffisait. Une femme... une femme avait suffit à le mettre dans tout cet état-là ? Mais il ne s'agissait pas de n'importe quelle femme. Il ne s'agissait pas de ces jouvencelles qu'il se plaisait si souvent à séduire le temps d'une nuit, d'une semaine, ou d'une lune... sorcière ou moldue, la femme n'était pour lui qu'un objet de plaisir simplement destinée à assouvir ses désirs d'homme et rien d'autre. Coureur de jupons entendait-il souvent dans son sillage. Et oui, coureur de jupons il était. Et il en était presque fier, le nombre de ses conquêtes ne cessant de s'agrandir. Mais...

Mais il avait fallu que ses yeux se posent sur cette femme. Et elle avait su ravir ses sens, son esprit, et son âme. Il n'avait plus eu de pensées que pur elle, comme obnubilé par elle. Il fallait qu'il l'ait, qu'il la possède. Qu'il la courtise, qu'il l'épouse même, et il avait été plus qu'assidu auprès de son père pour obtenir sa main. Il avait pensé qu'ainsi, elle cesserait de le hanter et le libérerait. Mais même ainsi, elle continuait à lui ravir la raison. Et souvent il la perdait en sa présence ces derniers temps. Jusqu'à en devenir tantôt passionné, fou de rage, ou violent. Oui, violent. Pas plus tard qu'hier, il l'avait violemment giflée, jusqu'à lui fendre la lèvre en l'envoyant projeter à terre. Lui qui se targuait de ne jamais toucher une femme que pour lui ravir les sens et lui insuffler le plaisir ! Voilà qui allait faire pâtir sa réputation si cela se savait. Mais bien au delà de sa réputation, ce qui l'inquiétait, c'est que cette femme le rendait fou. Fou de quoi ? Il ne savait pas. Mais elle le rendait fou. Il en était malade. Et il n'était plus lui-même.

Sans compter que si tout cela se savait, nul doute que son ami Graymes n'allait pas être vraiment content. déjà qu'il regardait d'un bien mauvais oeil quand Astreus avait le malheur de tourner autour d'une autre femme en sa présence...

- De ma femme, précisa-t-il seulement.

Mais comment donc exprimer au vampire tout ce qui le rongeait alors ? Il ne savait pas. Et s'en sentait incapable, quand bien même c'était la raison de sa venue ici.

La pique mentale du jeune homme était suffisamment puissante pour qu'il puisse la lire sans effort. Mots pour mots, sans doute pas : la legilimengie n'était pas une science exacte mais il ressentit très bien l'ironie dont il était apparemment le sujet.
La colère monta et redescendit presque dans la même seconde. Fondement même du caractère de Bryndel, elle lui était aussi naturelle que ses sens et ses canines aiguisées. Néanmoins il se mettait rarement en colère contre Astreus et rarement plus de quelques secondes, le temps de reprendre le contrôle de son instinct.
C'était de toute façon suffisant et il le savait. Ses fureurs terribles et quotidiennes avaient le don de révéler ce qu'il y avait de plus noir en lui. En cette seconde donc, Astreus avait sans doute eu une vue imprenable sur l'aura glaciale qui l'entourait, sur ses yeux morts et pourtant meurtrier et même sur ses canines blanches. Derrière l'homme, le monstre...
Mais cela n'avait aucune importance, Astreus l'avait déjà vu en colère et il le soupçonnait d'ailleurs d'avoir pris plaisir à ce petit coup bas mental. De plus, le vampire sentait que cette attaque cachait quelque chose de plus profond, l'homme n'était pas à l'aise...

Là, il fût désarçonné. Depuis quand Astreus était-il mal à l'aise chez lui ?
Perplexe, il pensa un instant à sa seconde de colère. Bien sur, la force de son sentiment avait balayé toute la pièce et n'avait pu échapper à l'esprit ouvert de son ami, pas plus que la grimace mauvaise et que le brillant de ses crocs mais après tout, ce n'était pas la première fois non ?
Un instant déconcerté il se calma bien vite en repensant que, de toute façon le jeune homme était déjà plus que tendu lors de son arrivée. C'était donc lié à ce qu'il était venu lui dire et non pas au comportement du vampire.
Cela ne l'empêchait pas d'être troublé à son tour. Qu'est ce qui pouvait être assez grave pour travailler ainsi Astreus ?

Passablement inquiet et incapable d'attendre une seconde de plus, il sonda plus profondément son esprit pour y découvrir une certaine résistance. De la pudeur ? Un soupçon de honte ?
Allant de surprises en ahurissement, il l'interrogea à nouveau du regard : depuis quand Astreus hésitait-il à lui dévoiler quoi que ce soit ? Depuis quand ressentait-il de la gêne envers lui ?

La réponse vint enfin, une femme...
C'est donc de là que venait son inquiétude... Il craignait la moquerie du vampire, il avait peur que Bryndel se moque...
Il resta un instant interdit, il avait presque oublié à quel point les humains pouvaient faire dans le dramatique par moment, une femme... Lui qui s'attendait presque à ce qu'on lui annonce une catastrophe !

Néanmoins, il ne se sentait pas aussi rassuré qu'il l'aurait dû. Quoi de plus dangereux qu'une femme après tout ? La magie noire était à craindre autant que la magie blanche, la magie rouge était sans doute la pire.

Quelques images déferlèrent dans son esprit ; images de femmes, toutes plus belles les unes que les autres. Puis l'autre, LA femme. Envoutante et mystérieuse. Elle revenait sans cesse dans l'esprit de son ami, refusant de s'effacer. La violence était là aussi, un claquement, du sang et la honte...

L'étonnement se lisait sur ses traits lorsqu'il dévisagea son ami. Astreus amoureux.... Il ne saurait dire si c'était ou non une bonne chose.
Le silence revint dans la pièce. Le silence de la compréhension. En cinq siècles, Bryndel avait vu suffisamment de choses pour ne pas se moquer de l'amour.
Enfin et comme dans un effort, il parla. Gardant un ton neutre et une voix calme, il savait Astreus suffisamment à cran pour ne pas rajouter de fioritures :

"Tu sais ce que je pense des femmes Astreus... Elles sont un danger mortel pour ceux qui leur accordent trop d'attentions. Mais il semble qu'il soit un peu tard pour ce genre de conseil... Que pourrais-je te dire de plus que ce que je te répète depuis des années ? Soit courtois et méfiant."

Son regard critique toisa le jeune homme qui s'était enfoncé dans son fauteuil comme pour s'y cacher :

"Regarde comme elle te change... Depuis quand perd tu ton contrôle devant qui que ce soit ? Si elle a le pouvoir de te faire lever la main sur elle alors elle a trop de pouvoir sur toi."

Il termina sur ces mots. Que pourrait-il rajouter de plus ? Il savait que ce genre d'injonctions n'étaient pas d'un grand secours. Astreus était sans nul doute pleinement conscient de tout cela, sinon il ne serait pas ici. Mais Bryndel ne voyait pas de moyen de l'aider pour cette fois. Ils ne pouvaient offrir que sa compréhensions, son écoute et ses conseils d'un autre âge.

Le grognement mécontent qui lui répondit lui fit aussitôt comprendre qu'il n'avait pas, mais alors pas du tout, aidé le jeune homme. Bien au contraire.
Il réprima un geste d'agacement. Qu'est ce qu'il y pouvait lui franchement à ces histoires là ?
Bien entendu, Bryndel se serait de lui même jeté dans le feu (et ce n'était pas peu dire) que d'avouer que dans le domaine de l'amour, il n'avait pas vraiment de quoi se vanter. Quelques aventures par-ci par là, quelques accidents sanglants aussi au tout début de son apprentissage de vampire mais rien de vraiment intéressant. Non... Il n'avait pas eu la joie ou la malchance de connaitre l'amour. Il n'en était pas mécontent mais ne s'en vantait pas non plus. En ce domaine, il n'était pas vraiment de bon conseil.
Ne souhaitant pas avouer son ignorance à celui qui était et demeurait son élève, il détourna vivement le regard, rompant le contact et barricada son esprit par pur réflexe. Réflexe idiot d'ailleurs puisqu'il allait très certainement attiser la curiosité de Astreus mais il n'avait pas pu s'en empêcher.

Ne souhaitant pas vraiment s'éterniser sur cet incident, il réouvrit son esprit. Gardant simplement au plus profond de lui et là ou personne ne pouvait les atteindre ses expériences étranges, tragiques et parfois émouvante dans ce large domaine. Un regard noir apprit ensuite au jeune homme que le vampire ne souhaitait pas expliquer sa soudaine retenue.
Observant d'un œil critique l'humeur renfrogné de son ami, il prit un ton sec :

"Je suis navré de te décevoir Astreus mais je n'ai pas de solution miracle. Je peux régler tes intrigues, tes combats et même tes guerres et je le ferais sans aucune hésitations si tu me le demande mais je ne vois pas en quoi je peux régler cela. Je suppose que la tuer n'arrangera pas les choses n'est ce pas ?"

Il se tue sur cette pique. Le vampire qu'il était ne s'était en effet jamais gêné pour éliminer les adversaires qu'il pouvait voir sur le chemin de son protégé. Sans doute était-ce pour cette raison que celui-ci s'était peu à peu persuadé que Bryndel avait réponse et solution à tout. Car ça semblait bien être le cas. Ne le regardait-il pas comme celui qui pourrait régler son problème en quelque secondes ? Pauvre enfant...

Et pauvre lui aussi au passage... Car il devait bien avouer que cela le troublait de tomber ainsi de son piédestal. Que d'ennuis de jeunesse n'avait-il pas épargné à ce garçon ? Combien de fois avait-il agit dans l'ombre afin d'écarter chaque ronce, chaque ortie sur le passage de celui-ci ? Comme il était facile de régler les problème d'un enfant ! Et comme il était désolant de se retrouver un jour face à un homme...
Un homme qui le regarderait sans doute d'un autre œil à présent... C'était la première fois qu'il voyait son protecteur impuissant et cela ne serait peut être pas la dernière... Qui en était le plus frustré ?
Bryndel, sans aucun doute.

Son esprit se concentra aussitôt. Cherchant au plus profond de ses capacités vampirique un moyen de régler ce problème insoluble et si nouveau. En vain. Il en aurait hurlé de frustration.
Désolé mais pas vaincu, il annonça donc :

"Je ne vois pas très bien ce que je peux faire Astreus mais tu sais que tu peux tout me demander. Quelque soit ton souhait, il sera exaucé comme je les aient toujours exaucés dans la mesure ou ils étaient légitimes et pour ton bien. Tu sais parfaitement que toutes mes forces et toutes celle de mon clan sont prête à te soutenir dans tes choix. Te sens tu tellement en danger et si malheureux avec un tel soutien ?"

Le reproche était à peine masqué et semblait dur mais l'esprit du vampire n'était que tendresse pour celui qu'il protégeait depuis le berceau. Il ne lui apprenait sans doute rien dans sa grande tirade mais il sentait que son ami en avait besoin. Il se devait de lui rappeler qu'impuissant ou pas, il était là et le serait toujours. Jusqu'à la fin à supposer que le vampire accepte qu'il y en ait une.

Cette pensée le ramena à sa sœur. Un mauvais souvenir rejaillit assez rapidement comme à chaque fois qu'il pensait à elle. Un soir pluvieux, une dispute terrible et une scène de mort. C'est cette nuit là qu'il avait dû céder à l'insistance de celle-ci. Fait de moi ce que tu es... Une phrase anodine mais qui avait eu le don de le mettre en rage avant de lui faire honte.

Pensif, il observa le jeune visage qui lui faisait face. Serait-il assez fort à présent ? Le dilemme qui l'avait torturé lorsque sa sœur était encore humaine refaisait surface sous les traits de Astreus. Avait-il accumulé suffisamment de sagesse pour ne pas refaire deux fois la même erreur ?
Bonne question et qui méritait une réflexion profonde mais ce n'était pas vraiment le moment et il ne tenait pas spécialement à ce que Astreus lise ce genre de pensées. La décision lui revenait et d'ailleurs elle était toute prise. Restait à savoir si il saurait s'y tenir.

*Et reste à savoir si elle ne me détruira pas... Quoique ce ne serait pas un mauvais happy-end.*
Pensa-t-il sombrement.

Le regard du jeune homme lui démontra que pour cette fois, il avait pensé trop fort. Par le diable ! En voilà un qui se révélait bien trop bon élève parfois.... Les yeux verts étincelèrent mais il ne fit pas mine de rebarricader son esprit. Néanmoins il était inquiet : qu'avait-il entendu exactement ?

Dire qu'Astreus était frustré et de ces réponses et de cet entretien était peu dire. Que dire alors de la surprise et de la frustration plus que ravivée qu'il ressentit quand il sentit le vampire comme se détourner de lui, en rompant tout contact mental, ou presque, et surtout en réhaussant ses barrières. Bryndel avait-il quelque chose d'important à lui cacher soudain ? Quelque chose en relation avec ce sujet ? Voilà qui était des plus intriguants. Et à peine cette idée s'était-elle immiscée en lui que déjà Bryndel rouvrait son esprit. Cela avait dû prendre tout juste quelques secondes en fait. Mais cela avait été suffisant et cet "incident" restait plutôt... intriguant. Aucun autre mot ne descrivait si bien ce moment.

La tuer, proposait-il ? Ou Bryndel était fou ou... ou rien du tout en fait. Bryndel disait vrai au fond. A part la tuer... quoi d'autre pourrait résoudre le problème d'Astreus ? Puisque la vue seule de cette belle Ilona suffisait à faire perdre tout moyen à Astreus et à le déstabiliser au point qu'il ne soit plus tout à fait lui-même en présence de la jeune femme... Nul doute, seul le fait de la tuer pourrait résoudre son problème majeur. Tout comme il avait tué sa première épouse en somme, même s'il l'avait tuée pour une tout autre raison. Stérile était sa femme, stérile était leur amour, stérile serait sa mort, telle avait été la pensée d'Astreus quand il avait commis son forfait en empoisonnant sa première épouse. Mais pour Ilona... Au fond de lui, il devait avouer qu'il ne souhaitait pas vraiment en arriver à de telles extrémités.

Il tenait à Ilona. Ce qui était d'ailleurs le souci, parce qu'il semblait y tenir un peu trop à son goût. Ce sentiment insidieux qui le rongeait le rendait faible, selon lui. Et le dénaturait. Elle avait tendance à le rendre... bon. Enfin pas bon, pas vraiment, mais à le rendre... hum... plus humain ? Moins cynique ? Moins... moins lui-même en somme. Et donc faible. Quand elle était dans les parages, il se sentait prêt à tout lui céder. Ce qui n'était pas bon, n'est-ce pas ? Pas bon du tout du tout. Il devait donc... il ne savait quoi. S'en débarasser ? Mais comment ? Pas en la tuant en tout cas. En l'éloignant de lui ? Mais elle allait ensuite lui manquer et le désir de la revoir le rongerait à son tour...

Une histoire sans fin que tout cela. Une histoire insoluble, il en avait conscience. Et à bien y penser, il était injuste d'en vouloir à Bryndel de ne pas avoir de réponse à ce problème sans solution, n'est-ce pas ?

- Tu as raison, maugréa-t-il d'un ton sourd.

Déçu ? Moui, très certainement. Un peu déçu de Bryndel, qu'il avait toujours cru infaillible, sa bible et sa référence, le père en quelque sorte vers lequel il s'était toujours tourné en cas de problème. Le père qui avait toujours su trouver LA solution à ses problèmes d'ailleurs... Et voir soudain le vampire sècher sur un tel sujet... C'était... on en fait, ce n'était pas vraiment décevant. mais déstabilisant, car Astreus réalisait alors que personne n'aurait réponse à tout, tout le temps. Certes Bryndel était un gardien et un confident précieux, mais... Mais il ne pourrait toujours résoudre pour lui. Dur d'en venir à cette conclusion. Très dur même. Comme si... Comme si soudain il grandissait ? Peut-être. Donc, non, pas réellement déçu de Bryndel, mais déçu de lui-même. Déçu de s'être laissé embourbé dans une telle situation. Ou plutôt dans un tel sentiment...

Et Bryndel lui proposa alors d'exaucer tous ses voeux. Tous ? Le pouvait-il vraiment ? Quiconque le pouvait-il d'ailleus ? Car son voeu, à bien y penser, était plutôt... incongru et des plus particuliers... Il était subjugué à l'idée de ce voeu, qu'il ne fit même pas attention au possible reproche sous-jacent dans le ton du vampire. Il savait tout cela, et il n'aurait jamais reproché un quelconque manque à Bryndel. Bryndel... son ancre, son attache, son père, son seul soutien. Le seul véritable, du moins de telle ampleur. Donc non, il ne lui reprochait rien de tel, le vampire pouvait de suite être rassuré. Et oui, il en serait éternellement reconnaissant au vampire, de cela aussi ledit vampire pouvait en être assuré. Il restait toutefois que même si éternellement à ses côtés, Bryndel n'avait visiblement pas solution à tout, et ne pourrait réaliser son voeu :

- Peux-tu m'ôter toute capacité de sentiment ? Demanda-t-il alors, des plus sérieux, à brûle-pourpoing.

Question plus rhétorique qu'autre chose en fait, car il connaissait assez bien la réponse, pour être honnête. Non, il ne le pouvait pas. Et personne ne le pouvait vraiment. A moins de le tuer sans doute. Solution alors bien extrémiste, aussi extrémiste que celle de tuer Ilona. Extrémiste, oui, il l'était, mais pas à ce point-là. Et il n'était pas non plus assez désespéré pour en venir à de telles actes irrémédiables...

Ses yeux se rivèrent alors à ceux de Bryndel... et ce fut comme s'il reçut un électrochoc, quand il perçut une étrange pensée venant du vampire... Une pensée qui semblait avooir échappé à Bryndel, qui devait être bien troublé pour se laisser ainsi aller en présence d'un mortel. Avait-il bien compris ? Bryndel avait-il bien émis une telle pensée ? Un bref doute... jusqu'à ce que le regard de Bryndel le lui confirme : oui il avait bien perçu cette pensée qui venait bien de Bryndel. Il ne s'était pas fait de fausses idées... Bryndel avait donc transformé sa soeur et le regrettait ? Et il redoutait même de céder à nouveau et de faire de même avec lui ? Il reodutait même s'il cédait, de ne pas y survivre encor eune fosi ? Voilà qui était bien intéressant soudain. Et loin d'effrayer le jeune homme, l'idée lui semblait... intéressante. A défaut d'être totalement séduisante.

Astreus caressa alors quelques minutes cette idée : devenir vampire. Après tout, so voeu était qu'on lui ôte toute capacité de sentiment non ? Les vampires avaient-ils encore cette capacité ? Il aurait eu tendance à répondre que non, même si à bien y regarder l'attitude de bryndel envers lui démentait bruyamment cette idée. Mais... Mais devenir vampire pourrait résoudre nombre de ses soucis non ? En quelque sorte... Mais cela aurait nombre de désavantages aussi non ? Oui, très certainement...

Et voilà qu'à nouveau Astreus se perdait dans ses pensées, tâtant encore et encore l'idée de devenir vampire... Vampire ou humain. Humain ou vampire. Quel dilemne cornélien soudain.

Le jeune homme concéda qu'il avait raison mais cela n'empêcha pas le vampire de voir la déception dans ses yeux. En fût il blessé ? Difficile à dire de la part d'une telle créature, mais toujours est-il que cela lui fit drôle. Il avait déjà lu la tristesse dans les yeux de son élève, la colère aussi lorsque le vampire n'avait pas voulu accéder à une ou l'autre de ses requêtes, l'admiration de temps en temps mais jamais la déception. Enfin, il fallait un début à tout...

La question qui suivit le désarçonnât. Pouvait-il lui retirer toute capacité de sentiment ? L'ironie était une chose difficile à comprendre pour un vampire. Sa race n'admettait pas qu'on puisse dire quelque chose et penser complètement le contraire, il lui avait donc fallu pas mal d'année avant de comprendre ce travers humain et bien plus avant de pouvoir véritablement l'apprécier et parfois même l'utiliser.
Il eut donc une réaction en plusieurs temps, analyser d'abord et conclure si c'était ou non possible, ça c'était sa capacité d'analyse vampirique. Puis devant l'incongru de la question, il eut un doute : était-ce de l'ironie ? Devant le regard pensif du jeune homme il comprit que non, ce n'était pas une parole en l'air mais bien un désir profond.

Il resta songeur. Qu'avait-il apprit à ce garçon en fait ? A être fort, à ne pas accepter à moindre faiblesse ni de sa part ni de la part de personne. Un éducation dure, sans concession, presque une éducation vampirique en somme. Et il en voyait à présent le résultat.
Un homme pouvait-il réagir comme un vampire ? Lui ne s'autorisait pas la moindre faiblesse mais le cas était différent, il était un vampire donc un être fort. Pouvait-il décemment attendre la même chose de la part d'un humain ? De la part d'un de ces êtres qui après tout, n'était là que pour le nourrir ? Est ce qu'un humain s'adresse à un bout de pain pour essayer d'en faire son égal ?
Oui décidément, il avait fait un choix étrange lorsqu'il avait croisé ce regard sombre. N'importe quel vampire aurait tué le gamin sans le moindre hésitation et il avait bien faillit le faire. Il ne regrettait pas son choix mais par le démon, comme c'était compliqué !

Qu'aurait-il dû faire alors ? Être un peu moins dur ? L'élever comme un humain ? En aurait-il seulement été capable au moins ? Ses traits humains avaient totalement disparu depuis bien des siècles, il était totalement vampire, le plus ancien de tous d'ailleurs. Non, il aurait été incapable de l'éduquer autrement, il allait falloir faire avec.
D'ailleurs, au fond de lui, il ne regrettait pas vraiment. Cette personnalité lui plaisait : dure, intransigeante comme lui en fait. Ou plutôt comme le fils qu'il ne pourrait pas avoir.
Etait-ce de l'égoïsme ? Il aimait cela oui, mais était-ce une bonne chose pour Astreus d'être aussi exigeant envers lui même ?

Le regard d'Astreus le tira de ses pensées. Comme il le craignait, celui-ci avait lu dans ses pensées. Il était très rare que Bryndel laisse échapper des pensées qu'il voulait garder secrète, il se morigéna mentalement : décidément, vampire ou pas, il n'était pas si infaillible que cela.
La suite lui fit mal. Il n'avait pas besoin de lire les pensées de son vis à vis pour savoir ce qui lui trottait dans la tête.
Son regard se fit plus sombre lorsqu'il grogna :

"N'y pense même pas Astreus."

Puisque la boulette était faite, autant mettre les points sur les i tout de suite. Inutile qu'il commence déjà à se faire des idées. Sans cacher son mécontentement, il continua donc :

"Cette demande là fait partie des irréalisables et je ne reviendrais pas dessus. Tu devras trouver un autre moyen de faire face à tes sentiments."

Il n'était pas dupe et c'est ce qu'il avait voulu lui faire comprendre par sa dernière phrase. Bien sur, cette décision aurait réglé en partie le problème puisque les vampires ressentaient beaucoup moins les sentiments que les humains, de plus Astreus aurait sans doute eut plus envie de la mordre que de l'aimer si il était transformé. Mais non non et non, il ne céderait pas. Que savait-il de ce que c'était qu'être un vampire ce gamin ? S'imaginait-il que c'était une partie de plaisir ?
La similitude avec l'histoire qu'il avait vécu avec sa soeur l'enerva prodigieusement, toutefois ; il resta calme. Il avait dejà payé assez cher son manque de controle. Sa voix était donc tendue mais maitrisée lorsqu'il termina :

"Les humains ont des choses à envier aux vampires mais la réciproque peut être aussi vrai."

Étonnant de sa part lorsqu'on savait le mépris souverain qu'il entretenait pour sa "nourriture", mais il savait qu'un rejet sans aucune explication ne ferait qu'agacer Astreus et le pousserait précisément dans le sens qu'on lui interdisait.

"N'y pense même pas Astreus." Fit le vampire d'une voix dure.

Une voix qui raisonna comme un écho en Astreus, le faisant frissonner. Bon visiblement, ce n'était pas une bonne idée. Du moins pas pour le moment.

"Cette demande là fait partie des irréalisables et je ne reviendrais pas dessus. Tu devras trouver un autre moyen de faire face à tes sentiments."

Ou pour toujours...

Bryndel semblait définitivement contre cette idée de transformation. Pourtant cela aurait la solution à tous ses problèmes non ? Non, visiblement, pas pour le vampire. Et étrangement ce dernier semblait presque en colère même. En colère pourquoi ? Comment ? Astreus n'en avait aucune idée concrète, mais préférait ne pas poser de questions supplémentaires. Inutile d'attiser la soudaine colère de Bryndel. Même s'il savait que l'autre n'irait jamais perdre le controle au point de commettre l'impardonnable sur lui... n'est-ce pas ?

Toutefois, quant à trouver une autre solution de fair eface à ses sentiments... Astreus n'en voyait aucune. Et Bryndel avait été tout aussi incapable de lui en proposer une non plus. Alors pourquoi lui refuser cette demande, somme toute logique et si parfaite pour répondre à son problème actuel ? Que craignait donc Bryndel pour lui refuser ça ? Après tout, ils seraient ainsi encore plus proches l'un de l'autre, comme père et fils, plus encore que maintenant où l'humanité d'Astreus semblait comme un frein, comme un obstacle à cette étrange relation. Ainsi ils seraient ensemble, pour toujours, et Bryndel pourrait lui apprendre beaucoup plus encore ? Non ? Alors pourquoi Bryndel lui refusait donc cette demande ? Surtout si l'on considérait le fait qu'il était par ailleurs incapable de lui trouver une autre solution en compensation...

Tout à ses réflexions, Astreus fronça les sourcils, son regard sombre montrant clairement tous ces questionnements intérieurs au vampoire. des questions qu'il n'oserait jamais poser de vive voix. Pas suicidaire non plus.

"Les humains ont des choses à envier aux vampires mais la réciproque peut être aussi vrai."

Pour l'heure lui, il ne voyait pas où étit la réciproque. Mais bon, il voulait bien croire Bryndel sur parole... même s'il ne pouvait s'empêcher de penser que les Hommes avaient bien plus à envier aux vampires que les vampires aux Hommes.... En fait, tout ce que lui disait là Bryndel n'était en rien de véritables arguments pour Astreus, et cela le poussait plus encore dans la voie qu'il entrevoyait soudain. Est-ce que Norcturne accepterait de le transformer ? Après tout, c'était maintenant qu'il devait se décider et passer à lacte. S'il tardait trop, il deviendrait bien trop vieux pour tirer tous les bénéfices d'une telle transformation. Là, il était dans la fleur de l'âge pour un homme, c'était le moment idéal de devenir vampire, non ?

Mais non pas Nocturne. De un il refuserait, de deux Astreus voulait que ce soit Bryndel et personne d'autre. Sii bryndel refusait, il savait ne pouvoir le forcer et il savait aussi qu'il ne se tournerait vers aucun autre vampire, mais il ne pourrait s'empêcher d'être déçu. A moins que Bryndel ne lui expose de réels arguments. Ou ne les lui montre ? Astreus était après tout du genre à devoir voir de ses propres yeux pour croire...

- Je ne comprends pas, souffla Astreus d'une voix sourde.

Les yeux baissés sur le sol, incapable de regarder plus longuement Bryndel. Et de se confronter à la colère qui allait certainement s'abattre sur lui.


[HJ : un peu court, désolé, si souci, je peux éditer^^]

HJ : voilà voilà ! Bon je te secoue peut être un petit peu dans ce rp mais après tout, c'est dans le caractère de Bryndel et une leçon imprimée à coup de gourdin sur la tête et toujours mieux retenue nan ? humf bref... Si ça te plait pas; mp ! xD


L'incompréhension... Voilà ce qu'il était parvenu à mettre dans l'esprit de son jeune ami. Ennuyeux si l'on considérait le fait que celui-ci voudrait une explication, tôt ou tard.
Aurait-il le culot d'aller demander à un autre vampire de le transformer malgré l'interdiction de Bryndel ? Il ne le pensait pas mais qui sait... A qui demanderait-il dans ce cas ? Facile, Nocturne. Nocturne serait le seul susceptible d'accepter sa requête, sauf si Bryndel lui interdisait catégoriquement avant. C'est ce qu'il ferait, et il le surveillerait. Le chef des vampire passait pour peu confiant, limite paranoïaque. Il ne prendrait pas le moindre risque.

Nocturne... Il était assez amusant de voir les deux vampires ensembles, on pouvait alors apprécier les différences flagrantes qui en faisaient deux extrêmes. Le calme glacial de Nocturne et l'agitation flamboyante de Bryndel, la patience féline du premier contre les colère titanesque du deuxième, le silence obstiné de l'un contre le ton impérieux de l'autre. Devant cela on ne pouvait qu'ouvrir de grands yeux et se demander par quel miracle incroyable ils avaient pu ne pas s'entretuer. Pourtant, ils s'appréciaient. Une relation complexe faite d'estime réciproque pour ce que pouvait être l'autre et de méfiance prudente considérant leur capacités supérieures. Bryndel avait toujours considéré Nocturne comme le vampire le plus à même de prendre un jour la direction des siens à sa place. A ce titre, il gardait un œil soupçonneux sur lui et sur tout ses agissements, s'attirant par là même les moqueries de sa sœur qui le traitait de parasite désespérément accroché au pouvoir ! Mais quoi ? Bryndel estimait avoir suffisamment bataillé pour en arrivé à sa place actuelle, pas question dès lors de prendre le moindre risque. Il gardait une distance prudente vis à vis de ce vampire et s'en méfiait grandement. Étrange relation donc, trop tendue pour être honnête mais pourtant pas si dégradée que cela...


Enfin bref, ce n'était pas le moment de penser à Nocturne. Il avait toute l'éternité pour s'interroger de l'avenir de leur relation. Pour le moment, il en était à la case Astreus.
Il le toisa un moment mais ne capta pas son regard, celui-ci était trop occupé à regarder le sol !
Il ne comprenait pas ? Normal en fait... Bryndel n'avait pas pour habitude de lui répondre ainsi par la négative sans expliquer sa décision. Il y avait de quoi surprendre, surtout de sa part. Cela ne lui ressemblait pas et d'ailleurs, cela ne lui plaisait pas. Il avait vécu assez longtemps pour savoir qu'une interdiction incomprise avait toute les chances d'êtres bafouée à un moment ou à un autre alors qu'une interdiction étayée par des arguments solides restait inébranlable dans les trois quart des cas. La question était, avait-il des arguments solides pour étayer sa décision ? Pas vraiment en fait... Son refus était plus dû à des considérations personnelle qu'à de véritables raisons, cela allait être difficile de le faire accepter à son élève et surtout ça allait être difficile de le faire sans dévoiler des parties de sa vie qu'il aurait voulu garder secrètes !

Quelque peu agacé par ses propres hésitations, le vampire grinça des dents nerveusement. Cette conversation s'annonçait désagréable. Toutefois, il allait falloir y passer à un moment ou à un autre et il n'était pas du genre à remettre les choses à plus tard.
Résigné, il soupira avant de se lancer :

"Tu es un homme étrange Astreus... Tu as vu des choses qui auraient horrifié et rebuté n'importe quel humain, tu nous as vu dans toute notre bestialité, tu as vu ce que nous faisions de ceux de ta race et malgré tout tu te considère pratiquement comme l'un des nôtres.
Ne te sens tu pas parfois.... En décalage ?"

Il avait parlé sans dureté, sans juger mais avec une curiosité certaine. Il était assez bon legilimens et assez lié au jeune homme pour connaitre la plupart de ses pensées les plus intimes mais pour autant il n'avait pas encore éclaircit tout les mystères de cette personnalité complexe. Comment pouvait-on être humain et en même temps inhumain ? Astreus avait parfois montré un certain dégout à la vue d'un repas vampirique mais jamais il n'avait montré le moindre sentiment à l'égard des victimes. N'en ressentait-il donc aucun vis à vis de ceux qu'il aurait dû défendre ?
Le vampire continua sur sa lancée :

"Devenir un vampire est sans retour Astreus, c'est sans retour et c'est douloureux."

Sachant très bien ce qu'allait dire le jeune homme, il leva aussitôt l'ambiguïté

"Et je ne parle pas de douleur physique. Tu ne bronche pas en me voyant m'abreuver du sang de gamins mais ferais tu de même ? Quel serait ton sentiment si ton corps t'ordonnait de tuer un enfant pour te nourrir ? Quel serait ton sentiment si tu émergeais un jour d'une folie meurtrière pour t'apercevoir que tu as tué la femme dont nous parlons ? Et par dessus tout, pourras tu vivre l'éternité sans la voir de crainte de la tuer à un moment ou à un autre ?"

Sa voix n'était qu'un murmure, il crachait ses mots avec un certain dégout comme si chacun d'entre eux l'écorchaient avant de sortir. Il aurait voulu les retenir comme il les avaient toujours retenu dans le secret de son esprit mais il avait prit la décision de lancer cette conversation, il devait s'y tenir. Il ralentit un peu tandis qu'il continuait à faire les cents pas dans la pièce :

"Les sentiments ne disparaissent pas Astreus. Un vampire nouvellement transformé ressent autant de sentiments qu'un humain, sinon plus. Quel souffrance peut être pire que celle des remords pour un prédateur ? Bien sur ils s'estompent au fil du temps et nous devenons alors des vampires complets mais cela prend du temps, beaucoup de temps. Et ils ne disparaissent jamais complètement. Elle te manquera, c'est inévitable. Et c'est long une éternité, tu peux me croire."

La leçon était-elle suffisante ? Bryndel en doutait, et il tenait absolument à ce qu'elle le soit. Ainsi devaient êtres les choses.
Sa poigne d'acier n'eut aucune faiblesse lorsqu'elle vint saisir l'humain au collet. Le serrant sans pitié et le soulevant comme un pantin pour venir l'adosser durement au mur, immobilisé et plus impuissant qu'un bambin sous la force surhumaine de son adversaire. Le deuxième poignet craqua lorsque la main gauche du vampire vint le saisir, interdisant tout geste de défense et tout espoir de saisir la baguette qui aurait pu le sauver. Grognant avec férocité, le vampire plongea son regard brûlant dans celui de son élève.
Un rictus mauvais sur ses lèvres découvraient ses redoutables canines :

"Alors Astreus ? Souhaite tu vraiment devenir comme moi ? Souhaite tu toujours que je te morde ?? PARLE !"

Il était passé d'un chuchotement glacial à un ton impérieux et sans pardon.
L'agitation de la pièce d'à coté cessa aussitôt, laissant la place à un silence tendu. Les vampires étaient aux aguets, prêt à débarquer dans la pièce au moindre appel. Mais leur chef se contenta de se pencher vers son infortuné interlocuteur, soufflant son haleine glacial sur son cou dénudé, les crocs à quelques centimètres de sa peau il murmura :

"La morsure est douloureuse Astreus, bien plus douloureuse que n'importe quelle blessure. Mais le pire reste le venin et la brulure qu'il provoque lorsqu'il se répand dans les veines, glaçant tout sur son passage. Pense à cette douleur lorsque te viendra l'envie de devenir comme moi, et pense à ma colère aussi. Je ne te le pardonnerais pas."

Il le lâcha soudainement, sans brutalité excessive mais sans douceur non plus. Aucune colère ne se lisait dans ses yeux verts, il avait toujours su imprimer ses leçons avec force dans l'esprit de son élève, sans douceur mais de façon à ce qu'elles restent. Celle-ci resterait...

Les voir dans leur bestialité... Etrange façon de décrire les vampires. Surtout venant d'un vampire lui-même. Et non, Astreus ne les considérait nullement comme des bêtes. Sanguinaires, oui, mais pas des bêtes. Les vampires se nourrissaient de ce breuvage que constituait le sang humain quitte à tuer ces êtres faibles pour satisfaire cette soif prédatrice ? Et alors ? Les hommes faisaient de même avec les animaux de bétail non ? Où était donc la différence ? Personnellement, Astreus n'en voyait aucune. Si ce n'est que les vampires étaient maintes fois plus puissants que les hommes et ce de bien des façons. Donc non il ne parvenait à voir les vampires comme des bêtes, et ce même s'il répugnait quand même à les voir se nourrir.

Quant à savoir s'il ne se sentait pas parfois en décalage... Si souvent. Actuellement était un de ces instants. Ce n'était pas pour rien qu'il se posait sérieusement la question de devenir vampire. Après tout, que pourrait-il faire d'autres pour ne plus se sentir ainsi entre deux chaises. Ni tout à fait humain, ni tout à fait vampire. Un étrange entre-deux qui le mettait parfois bien mal à l'aise. Surtout en fait quand il était parmi ceux qui étaient censés être les siens. Les hommes. Les êtres humains... pas toujours si humains que ça à ces yeux. Quelque part, aussi étrange que cela puisse paraître, les vampires, Bryndel en premier lieu, lui paraissaient bien plus humains que certains de ses congénères. Ou était-ce encore sa perception des choses qui était faussée ? Comment savoir, comment trancher ? Comment comprendre, tout simplement ?

Et voilà, encore tant de questions. Devenir vampire mettrait-il donc un terme à toutes ces questions qui l'assaillaient ? C'est ce qu'il pensait, espérait du moins. Alors pourquoi donc lui refuser ce souhait si simple, si... si... était-ce donc si douloureux, si difficile pour Bryndel ? Après tout, ainsi, le vampire ne le verrait pas vieillir, ils pourraient continuer ensemble, côte à côte, Astreus assurant alors une loyauté sans faille à celui qui était devenu un père à ses yeux, un guide... Pourquoi donc lui refuser un tel honneur, un tel cadeau ? Non, vraiment Astreus ne comprenait pas. Et cela se lisait aisément dans ses orbes sombres, puisqu'il ne le cachait nullement.

Le jeune homme écoutait le discours de son aîné. Mais non, il ne le comprenait pas. Bryndel pouvait dire ce qu'il voulait, Astreus ne comprenait pas, pas vraiment. Cela devait certainement agacer le vampire, Astreus le sentait aisément. A le voir ainsi faire les cents pas de la sorte... mais s'il s'était attendu à cette soudaine réaction. Sans même qu'il ait pu réagir, il se sentit pris au collet, et se fit douloureusement écraser le dos contre un mur. Une douleur cuisante vint lui vriller le poignet tandis que le vampire le lui avait saisi, lui arrachant traîtreusement une larme. Souffrance, rage ? Peu importe, impuissance semblait vouloir soudain gagner le podium. Car oui, Astreus était tout simplement impuissant à cet instant. S'il avait voulu prendre sa baguette, ce qu'il n'aurait pas fait sachant de toute façon le futilité d'un tel geste face à la rage de telles créatures si puissantes, il en aurait été bien incapable dans tous les cas... Son poignet semblait être définitivement mis hors d'usage. Le jeune homme parvint toutefois à trouver le courage (ou la folie ?) de soutenir le regard du plus âgé, tentant de ne pas ciller, de ne pas montrer les émotions qui soudain se bousculaient en lui.

Mais à l'injonction de parler que lui donna le vampire, aucun son ne parvint à sortir de sa gorge serrée. Faut dire aussi qu'il était à moitié étranglé, et qu'il commençait sérieusement à manquer d'air... Et aussi vite que cette pensée lui était montée à l'esprit, aussi vite fut-il libéré de l'emprise majestueuse qui l'avait cloué littéralement au mur. Aussitôt fut-il libéré, aussitôt s'écroula-t-il à terre bien peu gracieusement, le poignet douloureux, le dos en miette, comme si sa colonne avait été broyé, le cou en feu, et le coeur battant à tout rompre. Non pas vraiment de peur. Enfin, si, un peu quand même. Mais plus de colère rentrée, de rage impuissante... et de déception. Non même avec cette leçon, il ne comprenait toujours pas.

- Aurais-tu peur pour moi ? Croassa-t-il alors d'une voix sourde, cassée.

Ses cordes vocales étaient-elles brisées ? Ou juste grippées ?

- Ou aurais-tu peur pour toi ?

Un sifflement de douleur lui échappa quand il tenta de se relever, s'affaissant soudain aussitôt, tentant de retenir les énièmes larmes traîtresses qui menaçaient de lui échapper encore.

- Qu'importe la douleur. Celle que ce monde ignoble m'inflige est bien plus abjecte que celle que ta morsure pourrait m'insuffler. Non.. Non, vraiment, je ne comprends pas. Tu ne veux donc pas que je reste pour toujours à tes côtés ? Ne tiens-tu donc pas assez à moi pour me garder auprès de toi ? Ou peut-être te fais-je honte pour que tu ne me juges pas digne de cet honneur ?

Un rire étranglé des plus amers s'éleva doucement.

- Finalement, tous les pères sont-ils donc condamnés à renier leur fils ? Même si fils de coeur ? Lâcha-t-il sourdement, plus pour lui-même que pour quiconque d'autre.

Mais c'était compter sans l'oreille fine des vampires, bien évidemment...

HJ : et ben voilà ! Tu l'as mis en colère pour de bon ! Pfff ><


Immobile, le vampire observa l'humain qui s'écroulait à terre. Les larmes qui faisaient briller ses yeux n'échappèrent pas à Bryndel, il l'avait blessé.
En temps normal, il aurait certainement ressentit un fort sentiment de culpabilité pour le mal qu'il faisait à cet humain qui était pour lui comme un fils mais la colère l'aveuglait.
Elle se lisait sur son visage. Un visage révulsé qui laissait apparaître sa véritable nature et dans ses yeux aussi, dans ses yeux surtout. L'étincelle qu'on pouvait y voir était tout sauf humaine, les prunelles vertes brillaient d'une sauvagerie anormale, ni humaine, ni animale : autre chose.

Conscient du danger, il recula d'un pas, secouant la tête pour tenter de reprendre le contrôle de son propre corps. La bête en lui ruait sauvagement, lui hurlant de massacrer sans pitié cette créature qui osait lui tenir tête de cette façon. Mais c'était impossible, c'était Astreus.
Résolument et par un effort surhumain, il la fit taire. La renvoyant au fin fond de son esprit, dans cette enclave qu'il avait construire au fil des années afin de pouvoir se faire passer pour un humain. Il ne pouvait plus perdre le contrôle, il n'en avait pas le droit. Sa sœur avait été sa dernière victime involontaire.

Hélas il n'était pas vraiment aidé là... Astreus était-il conscient des risques qu'il prenait à ce moment là ? D'ailleurs avait-il seulement été conscient à un moment ou à un autre du danger qu'il y avait à être aussi proche d'un vampire aussi colérique ? Bryndel contrôlait parfaitement sa soif mais ses colères étaient encore nombreuses et pour le moins dangereuses, elle réveillait son instinct. Et le pire de tout était que le jeune homme semblait s'en ficher complètement. La confiance, tout simplement. Le vampire savait pour avoir lu dans son esprit que Astreus lui accordait une confiance illimité, persuadé que Bryndel ne lui ferait jamais le moindre mal. Peut être était-ce vrai mais il n'empêchait que notre vampire aurait aimé lui inspirer plus de craintes parfois, ne serais-ce que pour éviter d'en arriver à ce genre de situation périlleuses.

La force avec laquelle il serrait les poings était telle qu'il aurait certainement broyé le poignet déjà mal en point de son élève si il ne l'avait pas lâché. Ses jointures craquèrent effroyablement tandis qu'il écoutait la question ironique. Blessé, le garçon tentait de lui rendre la pareil et il y parvint complètement.
Peur ? Il réprima un sursaut de rage, lui peur ??? Il pouvait éventuellement avoir peur pour Astreus oui, après tout un humain était une chose fragile mais pour lui ? Pourquoi devrait-il avoir peur pour lui ? Il était quasiment intouchable !

"comment oses tu ?"

Sa voix avait été presque incompréhensible, tenant plus du grondement que de la parole.
Ainsi il osait prétendre que Bryndel pourrait faire passer ses propres intérêts avant les siens ? Comment pouvait-il croire une chose pareil ? N'avait-il pas tout fait depuis sa naissance pour lui offrir la meilleure vie possible ? Ne savait-il donc pas l'effort qu'il avait dû faire à tout instant pour se transformer en ce Bryndel toujours dur certes mais bien plus humain ? Ne savait-il donc pas qu'il avait changé son propre esprit, profondément afin de correspondre exactement à ce dont le gamin pouvait avoir besoin ? N'avait-il pas tenu tête à sa propre sœur qui ne comprenait pas ce soudain attachement du chef de clan pour un humain ?

Verrouillant tout ses muscles en un violent effort pour rester immobile, il parvint à se figer. Nul doute que si il se laissait aller à faire ne serait-ce qu'un pas vers Astreus, tout serait fini. Il perdrait le contrôle, et l'autre n'aurait pas la moindre chance.

Son regard flamboyait alors qu'il observait les efforts de celui qui n'était plus qu'un ennemi à ce moment là pour se relever. Astreus était au bord des larmes mais il continuait à parler, encore et encore et chacune de ses paroles touchait profondément le vampire, s'enfonçant en sa chair morte comme autant de poignards badigeonnés de poison.

"ARRETE !"

Son ton restait impérieux mais sa voix était cassée elle aussi, il ordonnait et suppliait en même temps, mortellement blessé par les reproches et totalement absorbé par l'effort effroyable qu'il devait déployer pour rester à distance. Son coté vampire bataillait pour prendre le contrôle et tuer cet humain qui avait osé le provoquer tandis que son coté Bryndel se débattait pour reprendre pied entre la douleur des accusations et la colère.

Comment pouvait-il dire ce genre de chose ? Bryndel était tout à fait incapable de dire pourquoi mais il tenait à cet humain autant qu'il tenait à sa propre sœur, dommage d'ailleurs car c'était cet attachement qui était responsable de cette douleur aujourd'hui. Seul un ami peut faire aussi mal, un ami très cher et Astreus était bien plus que cela.

"Tu... Tu crois que j'ai honte de toi ?"

La question l'avait surprit au beau milieu de sa colère, à quel moment avait-il pu faire croire ce genre de chose à Astreus ? Leur lien était étrange et agaçait parfois les autres membres de son clan, Bryndel surprenait parfois leurs regards ironiques mais cela ne le touchait pas, il était bien trop indépendant pour pouvoir avoir honte de ses agissements. Il était tout de même assez agé pour pouvoir décider de lui même de ses amitiés non ?

Et Astreus en termina enfin, le coup de grâce si l'on pouvait dire. Son rire amer fit apparaitre une grimace de souffrance sur le visage du vampire. Le renier... Il se sentait rejeté, encore. Le problème était là.

Plus que tout autre chose, ce fut cette révélation soudaine qui lui permit de reprendre pied. Se croyant rejeté encore une fois, le jeune homme s'était défendu de son mieux et avait frappé là ou il savait pertinemment qu'il ferait mal. Tout était parti de là et de ce sentiment de rejet, ce qu'il venait de dire n'était donc pas la vérité mais simplement les armes qu'il lui avait jeté au visage dans l'espoir de blesser Bryndel aussi profondément que lui avait été blessé. Quelque peu secoué, il murmura :

"Quand cesseras tu de jouer ainsi avec mes nerfs Astreus ?"

Plus qu'une question, c'était une remarque. Il était très rare que leur dispute aillent jusque là mais ce qui était sur c'est que le jeune homme était en train de passer maitre dans l'art de le faire sortir de ses gonds. Il en devenait presque aussi fort que Leona, ce qui n'était pas du tout une bonne nouvelle. La raison était assez simple à trouver, il le connaissait tout simplement et savait ou frapper. L'épisode du jour en était une illustration parfaite.

Complètement vidé par l'effort qu'il avait dû déployer, il soupira :

"La prochaine fois que tu veux jouer à ce genre de jeu, préviens moi à l'avance. Je m'arrangerais pour que quelqu'un soit là pour me retenir. Et non, je n'ai pas honte. Je t'ai façonné de façon à ce que tu corresponde exactement à l'idée que je me fais d'un homme fort, et tu réponds parfaitement à mes attentes si tu tiens à le savoir. Tu est tout à fait le genre d'homme que je choisis pour faire partie de mon clan, tu serais même parfait MAIS je ne te transformerais pas."

Il avait insisté sur le mais, les choses étaient ce qu'elles étaient mais il ne céderait pas. Toutefois il tenait à détromper son ami :

"Le problème ne vient pas de toi mais de moi, je suis désolé."

Un peu plus sec qu'il ne l'aurait voulu mais il avait fait de son mieux. Il ne restait plus qu'a espérer qu'il comprendrait et se ferait une raison.

"Et sache que je ne renie jamais les miens, pas sans une bonne raison du moins. J'aurais pensé que tu me faisais un peu plus confiance..."

Reproche non voilée, l'attaque qu'il venait de subir lui avait fait mal et il ne pouvait pas passer dessus comme cela. Levant les yeux au ciel en réalisant qu'il était toujours écroulé par terre, il se pencha sur lui et le releva sans effort, l'envoyant se perdre dans le moelleux du fauteuil le plus proche. Son œil vif fit un rapide inventaire de ce qu'il restait de son ami : hum un poignet écrabouillé, quelques contusions dans le dos sans doute et le cou marqué de rouge. Décidément, les humains étaient bien trop fragiles !

"Faut-il faire venir un guérisseur ?"

La question était de pure forme, quelque peu ironique même. Astreus était un peu trop fier pour accepter ce genre de chose et puis après tout, il n'était pas aux portes de la mort. Heureusement d'ailleurs car dans ce cas, Bryndel l'aurait fait soigner de gré ou de force. Pour le moment, il se contenta d'observer les grimaces de son vis-à-vis d'un œil critique. Peut être que cela lui enseignerais à être un peu plus prudent la fois prochaine ? Enfin bon, il valait sans doute mieux ne pas trop esperer...

Astreus voyait parfaitement la colère se refléter sur le visage du vampire, d'habitude si impassible. Mais la lueur de folie pure, signe que la créature de la nuit se réveillait certainement en lui, lui passa inaperçue. D'ordinaire, une telle chose, un tel signe de danger, ne lui aurait pas échappé. Mais pour l'heure, il était bien trop ancré dans sa douleur, et physique, et psychique, pour voir de telles choses qui lui auraient de toute façon paru bien insignifiantes à cet instant. Et pour tout dire, son regard était aussi quelque peu embrumé par les larmes qu'il déversait honteusement. Oui, honteusement. Car pleurer était une honte sans nom pour un homme. Mais était-il seulement un homme en fait ?

"Comment oses tu ?"

Inutile de voir toutefois pour comprendre, à travers ces simples quelques mots, que la bête était à deux doigts de parler à la place de Bryndel. La colère grondante, qui devait éclater en Bryndel, était soudain tout à fait palpable. Cela suffisait-il pour faire peur à Astreus et calmer ses ardeurs ? Nullement. Le jeune homme ne craignait pas le vampire, pas vraiment. Bryndel ne lui avait jamais fait de mal, pas vraiment, en tout cas bien moins que la plupart des humains, et Astreus lui faisait alors toute confiance. Une confiance aveugle. Devrait-il s'enlever ses oeillères ? Possible, mais il n'en avait aucune envie pour tout dire. Cette confiance était si... si... apaisante.

Bon, pour l'heure, cette confiance n'avait rien de vraiment apaisant, nous vous l'accordons, tenant plus de la folie que de quoique ce soit d'autre. Mais ainsi était faite la relation entre les deux êtres qui se faisaient face. Ce n'était pas la première fois qu'Astreus essuyait de telles colères de la part du vampire, même si elles atteignaient rarement ce point culminant, et ce ne serait certainement pas la dernière...

Astreus se contenta donc de relever son regard bleu nuit sur Bryndel, sans même l'once d'une peur. Sans même l'once d'une honte non plus d'ailleurs. Oui, il osait. Et alors ? avait-il envie de dire. Et il continua à déverser le peu de venin qu'il lui restait. Un venin qui devait toutefois être encore suffisamment acide, même pour un vampire aussi endurci que Bryndel, vu la rage qui anima soudain le simple mot que ce dernier lui offrit :

"ARRETE !"

Etait-ce une supplique qu'il percevait là ? Pas un ordre, dirait-on. Pas vraiment. Etrange d'entendre cette voix soudain comme se briser. Ce fut certainement ce ton presque plaintif, qui ne ressemblait guère au vampire, bien plus que le mot ou la brusquerie se voulant péremtpoire, qui arrêta effectivement le flot venimeux d'Astreus.

"Tu... Tu crois que j'ai honte de toi ?"

Il ne répondit rien. Que répondre de toute façon ? Oui, il devait avouer, il l'avait cru. L'espace d'un instant du moins. cette affirmation était soudain bien plus floue, bien moins tangible, mais il l'avait cru il y a quelques instants à peine. En fait, seule la question que lui posait soudain Bryndel lui faisait comprendre que peut-être, peut-être, s'était-il trompé sur ce sujet, et que peut-être, peut-être, Bryndel n'avait effectivement aucunement honte de lui.

"Quand cesseras tu de jouer ainsi avec mes nerfs Astreus ?"

Aucune réponse non plus. Pour tout dire, il n'en avait aucune à offrir, ne sachant pas vraiment lui-même quand il parviendrait à ne plus jouer à ce jeu dangereux. Confiance aveugle ou folie pure, encore et toujours.

"La prochaine fois que tu veux jouer à ce genre de jeu, préviens moi à l'avance. Je m'arrangerais pour que quelqu'un soit là pour me retenir. Et non, je n'ai pas honte. Je t'ai façonné de façon à ce que tu correspondes exactement à l'idée que je me fais d'un homme fort, et tu réponds parfaitement à mes attentes si tu tiens à le savoir. Tu est tout à fait le genre d'homme que je choisis pour faire partie de mon clan, tu serais même parfait MAIS je ne te transformerais pas."

Des paroles qui étrangement l'apaisaient. Bryndel n'était donc pas honteux de lui ni de leur lien étrange ? Voilà qui était un immense soulagement, au plus grand étonnement d'Astreus lui-même. Un homme fort, disait-il. Mais un homme fort ne pleurait pas pourtant, si ? Qu'importe, se morigéna bien vite le jeune homme. Bryndel pensait de lui qu'il était fort, et cela lui suffisait. Qu'importe au fond ce que pouvaient bien penser les autres, vampires ou hommes. Tout ce qui importait vraiment à ses yeux de mortel était ce que Bryndel pouvait bine penser de lui. Ce que son mentor, son père de coeur, pouvait penser. Et surtout, surtout, que lui non plus ne le renie pas...

Il était certes assez dépité de ne pas avoir réussi à convaincre Bryndel de le transformer à son tour. Mais... Mais il venait aussi de comprendre que de un, Bryndel ne reviendrait jamais sur cette décision qui lui paraissait pourtant incongrue, et que de deux, ce n'était pas parce qu'Astreus lui faisait honte ou quoique ce soit de ce genre... mais tout simplement parce que Bryndel ne souhaitait plus transformer qui que ce soit. Peut-être pour ne pas le condamner à l'éternelle solitude dont Bryndel ne cessait de lui rebattre les oreilles ? Possible. Astreus ne pourrait en âtre véritablement assuré. Personne ne pouvait d'ailleurs être assuré de ce qui se passait dans la tête du chef des vampires...

"Et sache que je ne renie jamais les miens, pas sans une bonne raison du moins. J'aurais pensé que tu me faisais un peu plus confiance..."

Bon là, par contre, Astreus pouvait être assuré qu'il avait fait mouche. Plus que mouche même. Il avait visiblement blessé Bryndel, autant que Bryndel l'avait blessé. Mais... mais étrangement, Astreus s'en voulait sans vraiment s'en vouloir. Etrange non ? Un peu contradictoire aussi. Mais s'il s'en voulait d'avoir blessé celui qu'il aimait comme un père, il ne s'en voulait pourtant pas d'avoir rendu la monnaie de sa pièce à celui qui avait écorné son coeur. Mais mieux valait ne rien répondre. Et ne pas prétexter des excuses qui n'avaient pas vraiment lieu d'être, et qui risqueraient aussi de n'être que mensonge. Or, s'il y avait bien une chose qu'Astreus se refusait, c'était de mentir à Bryndel.

"Faut-il faire venir un guérisseur ?"

- Non, pas la peine, fit-il d'un ton rauque, calmant peu à peu ses émois lamentables et s'efforçant de reprendre et ses esprits et sa dignité. Mais suis pas sûr de savoir réparer ça tout seul, baragouina-t-il en montrant son poignet.

Et en retenant une grimace et un gémissement de douleur, alors qu'il se laissait peu gracieusement tomber dans le fauteuil le plus proche. Merlin, qu'il avait mal ! Le vampire n'y était pas allé de mains mortes quand même. Enfin, si... mais... Bon, bref, vous avez compris quoi.

Pas un mot de plus sur les paroles qu'ils venaient d'échanger. Pas une excuse, pas une tentative de paix non plus. A quoi bon ? Tout était dit, tout semblait rentrer dans l'ordre, ils n'étaient pas en guerre, et ce n'était pas un tel accroc qui les séparerait, n'est-ce pas ? Du moins, pour lui, les choses étaient éclaircies. Certes, un peu durement, et chacun en avait eu pour sa part, mais au moins, les choses étaient dites et claires. Pas la peine de s'éterniser dès lors, si ?

Le silence... Pas la moindre excuse, pas la moindre explication. Un silence froid et presque accusateur. Mais du soulagement aussi. Astreus avait compris, il venait de comprendre que Bryndel ne ressentait aucune honte à se tenir à ses cotés et c'est ce qui l'avait fait se taire, bien plus que la soudaine fureur du vampire.

Que pouvait ressentir Bryndel dans cette calme sérénité tout juste retrouvée ? L'agacement à voir son incapacité à faire peur à cet humain bien sur. Il n'avait pas pour habitude de voir les gens braver son regard alors qu'il était dans cet état et avait bien du mal à le supporter. N'était-il plus le terrible vampire qui inspirait respect et crainte à tous ? Que Leona ne le craigne pas passe encore mais un humain...

*Il n'est pas humain.*

Cette pensée le prit par surprise. Et pourtant il le savait même si il l'oubliait souvent. Non Astreus n'était pas humain, pas seulement.
Les dernières bouffées de colère s'évaporèrent. Lui laissant comme toujours un goût amer dans la bouche et cette impression désagréable d'avoir perdu le contrôle. L'avait-il vraiment perdu ? Non pas vraiment sinon Astreus serait mort mais tout de même...
Parviendrait-il a les dompter un jours ces colères titanesques ? Elles étaient déjà un fondement de son caractère lorsqu'il était humain, elles s'étaient encore renforcées avec son coté vampire. Et le temps n'y faisait rien. Sans doute était-ce trop ancré en lui. Il réprima un soupir.

"Mais suis pas sûr de savoir réparer ça tout seul"

Il haussa un sourcil, quelque peu hautain. Dieu qu'ils étaient fragiles ces humains !
Il sembla hésiter un instant, le regard moqueur et argumenta :

"Moi je suis sur de l'être, mais je ne sais pas si j'en ai envie. Toute impertinence mérite sa correction, les enfants apprennent ainsi."

Son ton était badin, sa voix narquoise. Il aimait taquiner son ami, et lui rappeler qu'il ne serait jamais qu'un enfant pour lui. Toutefois la grimace de souffrance sur le visage du jeune homme le décida. Il haussa les épaules avant de sortir sa baguette :

"Episkey."

Son murmure était presque inaudible mais l'effet fut immédiat, poussant les os à se ressouder à toute allure. Bryndel joua un instant avec sa baguette, la baguette de sa mère si pleine de souvenirs avant de la ranger et d'assener durement :

"Estime toi heureux avec cette simple fracture. Une autre idiotie de ce genre et je t'enferme dans ma cave pour les dix prochaines années. Histoire de te laisser mûrir et réfléchir à la nature du lien qui nous unis. Cela t'évitera peut être de te mettre des idées aussi lamentables en tête."

Le ton était si sérieux et la voix si impérieuse qu'il se demanda lui même un instant si il en serait capable. Peut être bien... Dix années, ce n'était pas si long après tout, si ?

L'idée l'amusa quelque peu. Qu'était-ce que le temps pour un vampire ? Mais il y avait fort à parier qu'Astreus ne lui pardonnerait pas ce genre de chose !
Chassant cette taquinerie de son esprit il observa un instant son ami, s'attardant sur les signes de sa jeunesse. Oui vraiment, il avait encore à apprendre. Il était fort bien sur, Bryndel l'avait dit et ne mentait pas. Mais que d'erreurs futiles et facilement évitables ! Ou avait-il était pécher que Bryndel avait honte de lui ? Ridicule vraiment. Mais il grandirait, il avait le temps d'apprendre.

Un sourire fin étira les lèvres du vampire, dévoilant la blancheur parfaite de ses canines et faisant étinceler ses yeux. Il jeta un œil sur la fenêtre, observant les étoiles qui s'était levée. La nuit était tombée, et elle était bien avancée. Excellent prétexte pour mettre fin à cette conversation, il ne tenait pas vraiment à ce qu'Astreus se remette en tête d'insister même si il ne semblait pas vouloir le faire. Pourquoi prendre le moindre risque ?

"Va dormir Astreus, la nuit est bien avancée et de toute façon je dois me nourrir."

Le dernier argument était sans appel. Il allait se nourrir donc si Astreus ne souhaitait pas assister au spectacle il n'avait pas vraiment d'autre choix que d'obéir. D'ailleurs, Bryndel était déjà partit. Tornade silencieuse, il avait passé le seuil sans refermer la porte. Laissait-il Astreus seul dans cet antre de vampires ? Tout à fait, mais il fallait savoir que l'antre en question était vide, ce qui expliquait bien des choses. Bryndel ne l'aurait jamais laissé seul avec un autre de son espèce, ceux ci l'accompagnaient tout simplement à la cave du manoir. Leur joyeuse agitation résonna dans les pièces au fur et à mesure de leur avancée vers l'escalier. N'aurais-été l'horreur de ce qu'ils étaient sur le point de faire qu'on se serait attendris sur leurs plaisanteries futiles et leur joie de vivre, ou pas...